Une anecdote racontée par Eric Darchis... digne de Monde à l'envers. Car dans quel autre monde revient-il à la victime de se voir pardonnée pour l'agression qu'elle a subie ?
Ca devait être en 4e (15 ans normalement) avec notre professeur de chimie. Monsieur M., docteur en chimie, n'était pas un prof exceptionnel mais pas mauvais non plus. Classique disons. Avant les examens de noël, il passa en revue avec nous la matière à étudier et ce qui était inutile. Arrivant sur un tableau de concentration minimale et maximale dans l'eau de distribution en différentes matières, il nous signale qu'il faut juste le lire pour notre information. Ce tableau change bien sûr tout le temps et il est ridicule de s'y attarder dans un cours de chimie 1h/semaine.
Vous l'aurez deviné, à l'examen, nous avons eu droit à ce tableau avec des trous à remplir. Nous n'étions pas vraiment contents mais nous étions bien éduqués. Au premier cours de chimie suivant l'examen partiel, notre délégué de classe prit la parole et demanda au prof, très calmement et très poliment, s'il estimait que "lire pour notre information" voulait dire "étudier par coeur" parce que pour nous ce n'était pas le cas. Il aurait pu répondre que oui et l'affaire en serait restée là. Mais au lieu de ça, il a commencé à s'énerver puis a viré dans une sorte de délirium-tremens tapant des poings sur la table, affirmant que c'était un "complot pour le mettre dedans" (sic), que ça ne se passerait pas comme ça, etc. La classe entière était tellement atterrée par cette réaction aussi inattendue que démesurée que tout le monde le regardait bouche bée. Complètement hors contrôle, il se jeta alors sur le délégué de classe, l'attrapa par le revers et s'apprêtait à le frapper et pas qu'un peu. Heureusement pour tout le monde, le délégué était assis entre deux grands costauds qui ont arrêté le prof dans son élan et l'ont dissuadé de poursuivre dans la voie de la violence.
Le délégué de classe se libéra et alla directement se plaindre auprès du directeur. (Je précise que dans l'enseignement libre en Belgique, il n'y avait pas de préfet ni de proviseur, juste des éducateurs et un directeur) Le directeur reçut le délégué de classe un peu secoué, lui confia que ce n'était pas la première fois que Monsieur M. pétait ainsi les plombs et que le directeur le convoquerait immédiatement pour qu'il s'explique. Le directeur avait toutes les raisons de croire le délégué de classe: c'était un bon élève sans histoire, calme et volontaire, la classe était connue pour être calme, le professeur avait effectivement des antécédents du genre, il y avait environ 25 témoins de la scène dont... la propre fille du directeur ! L'affaire était claire et l'attitude du professeur était inadmissible. De plus, le délégué de classe demandait juste des excuses. Rien de plus.
Deux semaines plus tard, Monsieur M donnait toujours son cours comme si rien ne s'était passé. Le délégué alla donc voir le directeur pour lui demander ce qu'il en était. Et c'est là que vint le coup de grâce. Le directeur répondit: "ah oui, j'ai vu Monsieur M.. Ce n'est rien, il a dit que c'était déjà oublié."
En gros, c'était le professeur qui dispensait sa victime de lui faire des excuses à lui... Le monde à l'envers.
Le directeur eut d'autres occasions de nous prouver qu'il était une girouette indiquant toujours la mauvaise direction. Monsieur D., si vous me lisez un jour et que vous vous reconnaissez (ce ne sera pas difficile), sachez que je ne vous aime pas. Je ne vous hais point non plus, vous n'avez assez d'importance à mes yeux pour celà.
Eric
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