Un colloque audacieux qui devrait permettre de mieux comprendre ce qu'il en est des "abus de pouvoir" dans la France de maintenant.
« Le citoyen face aux abus de pouvoir » Colloque du 2 juin (9h-13h) Co-organisé par F. AMELI, Maître de Conférences à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) et l’association Anticor Sorbonne, Amphithéâtre de Gestion, 17 rue de la Sorbonne 75005 PARIS Politiques, ennemis du peuple ? « Tous pourris » ? On a raison de se méfier de ces caricatures. Mais en un temps où les candidats à la plus haute fonction de la chose publique évoquent la nécessité de restaurer la cohésion sociale, l’unité nationale ou le pacte de confiance entre citoyens et politiques, il est peut-être bien venu de s’interroger concrètement sur les mécanismes qui peuvent conduire certains représentants du peuple à bafouer les droits des citoyens, ou à se retourner contre eux. Abus de biens publics, abus de confiance, abus de pouvoir : quelques « affaires » récentes ont démontré que ces pathologies de la politique constituent une menace réelle pour la vie démocratique, non seulement par les torts directs qu’elles peuvent causer, mais plus largement par le climat de méfiance qu’elles contribuent à installer. Violence, malversation, corruption, lobbying, désinformation, manipulation des services de police, des magistrats, des médias et de l’opinion publique : au mépris du bien commun et de ses engagements, le politicien-voyou ne recule devant aucun moyen pour satisfaire une ambition personnelle, comme s’il ne devait jamais être amené à répondre de ses actes. Il n’hésitera pas, le moment venu, à enfreindre directement les droits d’un particulier ou d’une personne morale, en parant ses délits du prestige de sa fonction. La perte du sens du bien commun et des libertés fondamentales se redouble en effet chez le politicien-voyou d’une forme de cécité morale qui semble proprement liée à l’exercice du pouvoir, à l’infatuation et au sentiment d’immunité qu’il suscite. Il faut s’interroger sur les raisons de ce phénomène. Est-ce le pouvoir lui-même qui conduit naturellement à l’abus, par l’effet de sa propre logique ? Est-on fondé à dire que le pouvoir corrompt, y compris les meilleurs ? Et dans ce cas, comment espérer encore accorder l’idéal de justice aux exigences de la vie politique ? Ou bien faut-il incriminer des personnalités-types, des « profils » de délinquants politiques ? Quelle idée, d’ailleurs, l’élu du peuple se fait-il du pouvoir que nous lui octroyons ? Se voit-il comme un chef ou comme un mandataire ? Comme un entrepreneur ou comme un fonctionnaire ? Le scrupule, en politique, se limite-t-il au sentiment du « risque » encouru ? « L’ambitieux prend les pouvoirs comme fin, et les adore en tous ses actes », disait le philosophe Alain. Mais si le pouvoir se délègue, la vigilance, elle, ne se délègue jamais. A la responsabilité des politiques répond donc le devoir du citoyen, qui est d’obéir à la loi tout en exerçant une surveillance et un contrôle continus des pouvoirs. Or quels sont, dans les faits, les mécanismes de contre-pouvoir, les leviers de contrôle qui permettent aux citoyens de résister contre les abus de pouvoirs en tout genre, et notamment de la part de ceux qui ont pour devoir de les représenter ou de les administrer ? Jusqu’à quel point le « quatrième pouvoir », celui des médias, peut-il être envisagé comme un recours, s’il est établi que les politiques y trouvent un relais direct de leur action ? Que peut-on attendre du « cinquième pouvoir », celui de la « blogosphère », ou encore de la constitution de « jurys de citoyens » chargés d’évaluer l’action publique ? Telles sont quelques unes des questions qui seront abordées dans ces débats. Dans l’espoir que la vie politique ne se réduise pas à un simple rapport de force, et qu’elle ne soit donc pas complètement déconnectée des préoccupations éthiques.
Programme
Modérateur : Pierre Rancé (chroniqueur judiciaire Europe 1)
Introduction par Pierre Rancé
Conférence introductive : La notion d'abus de pouvoir, par le Professeur Frédéric Rolin, Paris X-Nanterre
Premier Débat : constats et témoignages
§ Christophe Grébert, bloggeur : L’affaire Monputeaux.com et la place du 5ème pouvoir
§ François Améli, Maître de Conférences – Université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne), Avocat à la Cour : une affaire de diffamation
§ Jasna Stark, Avocat à la Cour : L’affaire de l’Infirmerie de la Préfecture de Police de Paris
Vidéo : témoignages de personnalités et micro trottoir (Y. Noah, F. Amara)
Débat avec la salle
Second Débat : analyses et solutions
§ Christian Charrière-Bournazel, Bâtonnier désigné
§ Alexandre Dorna
§ P.A. Iweins, Président du Conseil National des Barreaux
§ Corinne Lepage
§ Serge Portelli, Vice-Président TGI de Paris
Débat avec la salle
Synthèse et clôture : Frédéric Rolin
Les commentaires récents